Pour gérer la croissance, il faut parfois savoir dire non
Passionné de puces électroniques L’impératif de la diversification Résistance aux radiations Des lunettes à la montre Une croissance continue Des geeks et des réalistes MarketingL’entreprise wallonne nSilition, qui conçoit des puces électroniques depuis 2007, a multiplié son chiffre d’affaires par dix en l’espace de cinq ans. L’histoire passionnante de sa croissance lui a valu le titre de Trends Gazelle 2018 pour le Brabant wallon dans la catégorie des petites entreprises. Le CEO, Thierry Delmot, partage ses perspectives inspirantes.
« Quand je relis mon plan financier de 2007 aujourd’hui, je ne peux pas m’empêcher d’en rire. Avec mes connaissances actuelles, j’aurais fait autrement. » nous confie Thierry Delmot. « Le plan financier de 2012 nous a fait changer de cap, ce qui fut un vrai plus. Notre croissance se poursuit sans relâche et nous sommes en train de réaliser nos projets. En outre, nous connaissons déjà nos objectifs pour les années à venir. J’ai pris conscience que gérer la croissance est aussi difficile que de lancer une entreprise et particulièrement dans un secteur comme le nôtre, où nous fabriquons des produits très complexes. »
« Nous préférons une croissance constante à une croissance rapide. » Thierry Delmot, CEO nSilition
Passionné de puces électroniques
Ces produits complexes, ce sont les puces électroniques. nSilition en conçoit principalement pour les secteurs de l’automobile, de l’aérospatial et des télécommunications. Le rêve d’enfant de Thierry Delmot se réalise :
« À douze ans, l’électronique me passionnais et je bricolais déjà des petites choses. Cet intérêt s’est encore développé par la suite. C’est donc tout naturellement que je me suis orienté vers des études d’ingénieur civil en microélectronique à l’UCLouvain. J’ai ensuite travaillé pendant deux ans dans le développement de logiciels, avant d’en revenir à mes premières amours en microélectronique en rejoignant Alcatel Bell à Anvers. Le département microélectronique a finalement été vendu et son centre de décision a déménagé à l’étranger. Je me suis retrouvé sur une voie secondaire et c’est alors que j’ai décidé de me lancer comme chef d’entreprise. En 2007, nSilition était né. »
L’impératif de la diversification
De 2007 à 2012, nSilition s’est concentré sur un seul produit : la conception et la fabrication d’un bloc remplissant une fonction spécifique en tant qu’élément d’une puce plus complexe. « Notre bloc était un convertisseur qui servait d’interface entre le monde analogique et le monde digital » nous explique Thierry Delmot. « Il y avait alors une demande de ce type de puces dans le secteur des télécommunications. » Or cette demande, le nouveau CEO l’avait quelque peu surestimée. La crise de 2008 a également gâché les choses. « Nous nous développions, mais lentement. Pas exactement comme une gazelle, donc (rires). Et en 2012, mon associé, le cofondateur de nSilition, est parti. J’ai alors décidé de continuer l’aventure. Mais plutôt que de nous concentrer sur un seul produit, nous avons diversifié notre offre. Nous sommes également devenus une entreprise plus axée sur la prestation de services : nous concevons des produits spécifiques à la demande des clients. » Le premier grand client, en 2012, est venu de l’industrie automobile. Il s’agit d’une des rares industries européennes qui présente toujours des opportunités de croissance pour le secteur de l’électronique, en raison de l’apparition et du développement important des véhicules électriques.
Résistance aux radiations
L’industrie automobile représente environ la moitié du chiffre d’affaires. L’autre moitié est répartie en deux secteurs : l’aérospatial et les télécommunications. Le secteur aérospatial impose des exigences spécifiques aux produits microélectroniques, car l’espace est un environnement sujet à un bombardement constant de particules radioactives qui traversent toutes les surfaces. Ce n’est pas sain pour les astronautes, mais ce n’est pas bon non plus pour l’équipement électronique. « Nous concevons des circuits intégrés résistants aux radiations, notamment pour un satellite de l’Agence spatiale européenne (ESA). » ajoute Thierry Delmot .
Des lunettes à la montre
nSilition compte aussi des clients importants dans le secteur des télécommunications. Pour ceux-ci, les ingénieurs travaillent principalement à des applications telles que la géolocalisation et l’Internet des objets. Une autre application surprenante est une puce qui permet la transmission de données d’un point à l’autre du corps humain. « Cela s’appelle un “body area network”» nous précise Thierry Delmot. « La puce se charge de la communication entre deux objets que vous portez sur vous, par exemple vos lunettes et votre montre intelligente. Ce type d’applications existe déjà, mais nous préparons une nouveauté. Laquelle ? Je pourrai vous en parler quand tout sera prêt (rires). »
Une croissance continue
Le fait que quelques petites entreprises de services spécialisées en microélectronique comme nSilition continuent à prospérer en Belgique est en grande partie dû aux universités, notamment à l’UCLouvain et à la KU Leuven. Ces universités font de la recherche dans le domaine de la microélectronique. Elles forment aussi les ingénieurs dont les entreprises du secteur ont besoin. Dans les années à venir, nSilition espère continuer à se développer au sein de cet écosystème. « En 2017, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de presque 1,6 million d’euros. En 2012, nous n’en étions qu’à 160 000 euros. » nous précise Thierry Delmot. Le nombre de nos collaborateurs a augmenté. Nous sommes passés d’un petit club d’ingénieurs à une équipe de 16 personnes, dont 14 ingénieurs. »
« Nous préférons une croissance constante à une croissance rapide. »Thierry Delmot, CEO nSilition
Avec 14 personnes pour assurer la production, le moment est venu de franchir une nouvelle étape. L’année dernière, l’entreprise avait déjà été sollicitée pour d’ambitieux projets qu’elle a malheureusement dû décliner. « J’ai trouvé cela terrible » confie Thierry Delmot, « mais nous n’étions pas prêts. Pour gérer la croissance, il faut parfois savoir dire non. Actuellement, nous sommes en train de réorganiser l’entreprise pour pouvoir prendre ce cap. »
Des geeks et des réalistes
Afin de mener à bien des projets plus importants, le nombre de travailleurs dans les 3 à 5 ans à venir devra être doublé explique Thierry Delmot. « Nous cherchons deux types d’ingénieurs : des geeks qui inventent des choses formidables et des réalistes qui temporisent et structurent, quand le moment est venu de livrer. Donc, des travailleurs efficaces et hautement qualifiés dans les deux cas. Nous voulons en effet nous distinguer en réalisant des tâches complexes que d’autres entreprises ne peuvent pas assurer.
« Nous nous distinguons en réalisant des tâches que d’autres entreprises ne peuvent pas assurer. »Thierry Delmot, CEO nSilition
Marketing
L’entreprise recherche des collaborations avec des spécialistes en marketing pour donner un nouveau coup de pouce à sa croissance. Thierry Delmot : « Jusqu’à présent, nous avons des clients principalement par le bouche-à-oreille. Mais nous avons atteint les limites de cette approche. Nous voulons améliorer notre site web et trouver de nouveaux clients dans le monde entier de façon proactive, au moyen du marketing digital. » Le titre de Trends Gazelle a ainsi été le coup d’envoi inattendu, mais parfaitement approprié de cette nouvelle ère.
« Nous pouvons nous targuer d’une histoire cohérente sur le plan du contenu, des compétences, des clients et des finances. » conclut Thierry Delmot. Ce prix revient à l’ensemble de l’équipe. Il est agréable pour nos collaborateurs de recevoir une appréciation positive de la part d’un tiers objectif. Et pour nos clients, c’est une preuve que notre santé financière est bonne. »